Burundi: le pouvoir mobilise la rue contre l’ingérence présumée du Rwanda

https://ssl-ds.static.rtbf.be/article/image/1248x702/2/b/2/740a608aec8ba15fbadc3d2bd29d85c5-1455385936.jpg

Le gouvernement burundais a organisé samedi à travers le pays des manifestations pour dénoncer « les actes d’agression » du Rwanda et de son président Paul Kagame contre le Burundi. – © STRINGER – AFP

Le gouvernement burundais a organisé samedi à travers le pays des manifestations pour dénoncer « les actes d’agression » du Rwanda et de son président Paul Kagame contre le Burundi, qui traverse une profonde crise depuis plus de neuf mois.

Depuis le début de la crise politique au Burundi, les relations se sont envenimées pour devenir délétères entre le Burundi et son voisin rwandais. Bujumbura accuse Kigali d’entraîner sur son sol des réfugiés burundais pour déstabiliser le régime du président Pierre Nkurunziza.

Le Rwanda rejette catégoriquement ces accusations – également portées par un groupe d’experts de l’ONU puis par les Etats-Unis – et rappelle à qui veut l’entendre que les causes de la crise sont internes au Burundi. Vendredi, Kigali a menacé d’envoyer les dizaines de milliers de réfugiés burundais présents sur son sol vers d’autres pays d’accueil.

Entre 4000 et plus de 10 000 manifestants

A Bujumbura, entre 4000 manifestants, selon des journalistes présents sur place, et plus de 10 000 selon un des organisateurs ont arpenté les rues de la capitale burundaise samedi matin.

« Nous dénonçons Kagame et son plan de déstabilisation du Burundi et de toute la région des Grands Lacs » ou encore « Nous dénonçons le soutien du Rwanda aux criminels qui veulent déstabiliser le Burundi« , pouvait-on lire sur des pancartes.

Les manifestants, qui marchaient en bon ordre, en chantant et en dansant, se sont arrêtés devant les bureaux de l’ambassade du Rwanda dans le centre-ville, où ils ont entonné des chants hostiles au gouvernement rwandais et hué le président Kagame pendant une dizaine de minutes.

« Nous sommes sur le champ de bataille, encouragez nos soldats; Kagame est un ennemi, nous allons le lessiver!« , ont-ils chanté notamment.

Les manifestants étaient encadrés par des forces de sécurité lourdement armées et par un impressionnant service d’ordre assuré par la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, qualifiée de « milice » par l’ONU.

Des centaines de personnes ont également manifesté à Gitega, la deuxième ville du pays dans le centre du Burundi et environ 2000 dans le chef-lieu de Ngozi, la province natale du président Nkurunziza, selon des témoins.

Le ministre burundais de l’Intérieur et de la Formation patriotique, Pascal Barandagiye, avait appelé les Burundais à participer « massivement » à des manifestations pour « la paix et la sécurité« , dans un message télédiffusé vendredi soir.

Les manifestations étaient également organisées contre « ceux qui veulent nous pousser à négocier avec les putschistes« .

Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 de M. Nkurunziza à un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet. Plus de 400 personnes ont été tuées depuis le début de la crise, qui a poussé 240 000 personnes à l’exil.

Ni l’échec d’une tentative de coup d’État militaire en mai, ni une brutale répression de six semaines de manifestations à Bujumbura, n’ont pu enrayer l’intensification des violences – désormais armées – et l’organisation de mouvements rebelles embryonnaires déterminés à chasser M. Nkurunziza.

« Nkurunziza fait dans la surenchère: il met de l’huile sur le feu »

Les manifestations de samedi et le mot d’ordre lancé contre un dialogue avec l’opposition radicale au régime en place laissent difficilement augurer de progrès diplomatiques lors d’une prochaine visite de chefs d’Etat africains mandatés par l’Union africaine (UA).

Ces derniers devraient se rendre dans la capitale burundaise avant la fin du mois tandis que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, y est attendu le 24 février.

« Bien sûr, le Rwanda s’est mêlé le premier des affaires burundaises, mais c’est clair désormais que Nkurunziza fait dans la surenchère: il met de l’huile sur le feu pour montrer qu’il fait face à une agression extérieure et non à une crise politique interne qui est en train de dégénérer en guerre civile« , s’est « inquiété » un diplomate en poste au Burundi, sous le couvert de l’anonymat.

En attendant, les violences se poursuivent dans le pays. Deux hommes proches de la mouvance présidentielle ont été exécutés dans la nuit de vendredi à samedi par un groupe armé non identifié, dans le centre du pays.

https://www.rtbf.be/info

5 réflexions sur “Burundi: le pouvoir mobilise la rue contre l’ingérence présumée du Rwanda

  1. Les choses ne pourront plus que se gâter désormais puisque des puissances occidentales semblent déterminées à attiser le feu dans cette région, en dressant les uns contre les autres, en encourageant dans le mal ceux qui semblaient faiblir. Cela explique aussi pourquoi la gigantesque Monusco semble être là pour superviser le chaos et s’assurer qu’il persiste.

    J’aime

  2. birababaje ibintu biba mu gihugu cacu mbega izo mburakimazi batagira ico bakora birigwa barata ururimi bitebe bitebuke cpi ndaremye niyaba ikiriho ntibazoshika la haye kwiruka nayo kagame ni bamureke uravye igihugu ciwe ingene cifashe izo mburakimazi muminsi iza bazoja gusaba akazi ko koza amasahani

    J’aime

    • Erega Roza Kamikazi, NKURUNZIZA nawe yipfuza ko mu Burundi ivya Politik vyomera nka kurya ko kwa Kagame, avuze atawuvuga ngo fyo.NKURU s’est heurtée à une opposition réelle qui a voulu lui barrer la route à son 3è mandat ibintu bica bimera uku bimeze , kuko ata kinya co kwica afise. Ariko na Kagame naho igihugu giteye imbere gato, il est aussi dictateur.En tout cas il est pas mieux que NKURU. Ils ferait mm pire s’il y avait une opposition. En fait aba presidents bo muri Africa nka bose bafise agatima kamwe.

      J’aime

Laisser un commentaire