Misères et espoirs des journalistes burundais en exil au Rwanda

https://i0.wp.com/www.cameroon-info.net/img/news/valery_muco_journaliste_burundais_au_rwanda_wtch_001_ns_600.jpgIls ont été obligés de quitter leur pays suite aux menaces alimentées contre eux par les milices proches du pouvoir. Leurs radios ayant été incendiées par ces farouches serviteurs du pouvoir après le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, ils essaient de se refaire une nouvelle vie au pays de Paul Kagame. Mais cet exil forcé est jonché de multiples difficultés.

C’est avec beaucoup d’émotion que Valery Muco, journaliste burundais en exil au Rwanda depuis le mois de mai 2015, raconte ce qu’il a vécu dans son pays. Activement recherché par des miliciens proches du pouvoir qui l’accusaient de servir les intérêts des manifestants hostiles au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, il n’avait d’autre choix que de quitter le Burundi en compagnie de toute sa famille. « La situation était tendue, je voyais les miliciens du parti au pouvoir qui circulaient tous les jours dans mon quartier. Les voisins me disaient toujours, qu’il y a des gens qui viennent tout le temps leur demander où est Muco. Et ils m’ont demandé de vraiment faire attention », raconte-t-il. Ce reporter qui a démissionné de la télévision publique burundaise en septembre 2013, refusant de « falsifier les faits » et de « travestir la vérité » dans ses rendus, fait partie de la centaine de journalistes burundais ayant trouvé refuge dans le pays de Paul Kagame. Ils sont pour la plupart d’anciens employés des radios indépendantes du pays qui ont été brûlées par les miliciens proches du pouvoir, les fameux « Imbonerakura » (ceux qui voient loin), au lendemain du coup d’Etat manqué du 13 mai 2015. Il s’agit de la Radio Isanganiro, la Radio RSF Bonesha, la Radio Publique Africaine (RPA), la Radio télévision Renaissance…

Désiré Hatungimana, ancien journaliste de  Radio Isanganiro et par ailleurs président de l’Association des journalistes sportifs du Burundi se souvient encore de la violence avec laquelle ces miliciens s’en étaient pris à leur station radio. « Ils sont venus avec trois pick-up de la police, armés jusqu’aux dents. Avec deux des voitures, ils ont bloqué la route. Nous étions cachés dans un hôtel en face. Quand ils sont entrés, ils ont commencé à tirer à partir de la première porte. Ils tiraient même sur des écrans d’ordinateurs. Après avoir tout détruit dans le bâtiment, ils sont descendus dans le parking et ont troué les pneus de nos Jeep Land Cruiser et les autres voitures qui s’y trouvaient. Ils ont ouvert les capots, et ont tiré dans les moteurs », relate-t-il, encore effrayé. Ayant pressenti cet assaut des forces de l’ordre, Désiré et ses collègues avaient pris le temps de déserter l’immeuble. « S’ils trouvaient n’importe quelle personne dans les bureaux, ils les tueraient… Ils venaient d’ailleurs de tuer un cameraman de la télévision publique (Christophe Kisabahizi, ndlr) avec sa femme, ses enfants et un membre de leur famille venu passer les vacances chez lui. On l’accusait injustement de divulguer des images compromettantes sur les réseaux sociaux», explique le journaliste burundais.  Tous les employés des radios indépendantes détruites étaient recherchés au même titre que les putschistes, auteurs du coup d’Etat manqué du 13 mai 2015 qui avait brièvement propulsé Godefroi Nyombare au pouvoir. La seule façon d’éviter de mourir ou de se retrouver en prison comme bon nombre de manifestants hostiles à la modification de la constitution pour un troisième mandat de Pierre Nkurunziza était de sortir du pays. Le Rwanda s’est présenté comme la destination la plus favorable. Les autorités de Kigali ont accepté d’accueillir et de protéger ces reporters dont beaucoup sont ciblés par des mandats d’arrêt.

Nouvelle vie, même combat

Accueillis par les confrères rwandais qui leur ont offert un bureau à la Maison de la Presse de Kigali, ils ont pris le temps de s’installer, avant d’essayer de poursuivre leur combat, celui de faire la lumière sur la crise politique qui continue de secouer le Burundi. Grâce aux appuis multiformes reçus de part et d’autres, les journalistes en exil ont créé deux chaînes de radios qui émettent essentiellement sur internet. Il s’agit des radios Inzamba, regroupant plus d’une vingtaine d’ex employés des radios RSF Bonesha, Isanganiro et Télé Renaissance ;  et Umura, constitué seulement d’ex employés de la Radio Publique africaine (RPA). « A Inzamba, nous émettons sur internet. Nous faisons  des émissions de 20 heures à 22 heures. A 20 heures 30, il y a le journal en langue nationale (Kirundi, ndlr) et à 21 heures, il y a le journal en français. Nous avons le projet d’émettre sur ondes courtes et nous sommes en train de rechercher des bailleurs de fonds. Nous avons espoir que d’ici quelques mois, le projet sera concrétisé. Il faut que nous émettions sur tout le territoire burundais parce que ce n’est pas tout le monde au Burundi qui peut se payer le luxe d’acheter un téléphone pouvant se connecter à internet  », explique Valery Muco.

Mais les difficultés sont tous les jours un peu plus nombreuses. Depuis novembre 2015, la radio a cessé d’émettre en direct à cause d’un souci au niveau de l’émetteur.  « Nous sommes obligés d’enregistrer le journal en Kirundi (langue nationale du Burundi, ndlr) et en français, faire le montage et compresser pour que le format soit facilement téléchargeable et distribuable par Whatsapp », explique Désiré Hatungimana. A côté de ces difficultés techniques et financières, se greffent d’autres problèmes liés à la collecte de l’information. Il est en effet difficile pour les journalistes exilés burundais d’obtenir la version des autorités burundaises pour équilibrer leurs informations. Ce qui les  oblige parfois à « repiquer » leurs interventions sur des chaînes occidentales telles que : Radio France International (RFI), la Deutsche Welle (Radio allemande), la Voix de l’Amérique…  ou à supplier quelques confrères restés au pays pour les obtenir. Il leur est également difficile de convaincre des témoins de s’exprimer sur  les antennes de ces radios qui sont dans le collimateur  des autorités. « Pour ceux qui acceptent, on doit changer leurs voix carrément parce que si les autorités les reconnaissent, ils seront pourchassés. Les officiels que nous contactons ont surtout peur des représailles », ajoute-t-il. C’est ce qu’ils tentent aussi d’expliquer aux organisations non gouvernementales qui hésitent à les soutenir, prétextant que leurs supports sont à la solde de l’opposition.

Précarité

La situation des journalistes burundais qui ne survivent que grâce aux dons et aides des ONG et des particuliers reste plus que précaire. « Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) loue un hôtel pour les journalistes. Là, ils logent deux par chambre et sont nourris deux fois par jour. Mais pour nous qui avons des familles, nous sommes obligés de nous démerder parce que nous n’avons pas été inclus dans ce projet. Nous sommes obligés de louer une maison et avec les enfants, ce n’est pas évident. Mon fils vient de passer huit mois sans aller à l’école», se lamente  Valery Muco. De plus, même hors de leur pays, ils sont obligés de redoubler de prudence pour éviter de tomber dans les pièges que continuent de leur tendre les autorités burundaises. « Nous avons des informations qu’ils (les officiels burundais, ndlr) ont envoyé des gens pour tuer des journalistes burundais. Il y a quelques temps, dans un bar (Chez Célestin, ndlr) très fréquenté par les burundais, on a surpris un type qui était en train  de mettre de la poudre dans le verre d’un journaliste burundais. Il a été arrêté par la police. Nous sommes très prudents, tu ne peux pas t’asseoir avec n’importe qui si tu ne le connais pas. Même si tu es un compatriote, on va rester prudent avec toi », préconise  Hatungimana.

Malgré toutes leurs multiples  inquiétudes,  ils reconnaissent tout de même que leur situation au Rwanda est plus enviable que celle de leurs confrères qui ont plutôt choisi de se réfugier dans les autres pays environnants (Ouganda, Tanzanie…). Néanmoins, les journalistes burundais de Kigali espèrent un changement de régime dans leur pays dans les prochains mois, condition sine qua non pour leur retour sur la terre de leurs ancêtres.

Wiliam Tchango, 18 FEV. 2016, http://www.cameroon-info.net

5 réflexions sur “Misères et espoirs des journalistes burundais en exil au Rwanda

  1. Chers journalistes Burundais,vous avez un boulot qui demande un esprit d’Amour et non de haine.Qui tue les Barundais vraiment?La langue,le mensonge est une maladie de certains journalistes qui n’ont pas l’Amour des citoyens.Malheur au Burundais qui sont toujours journalistes sans esprit d’Amour.

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  2. Bavandimwe dusangiye urugamba, murakoze cane kuba mutubwiye uko mumerewe. Ni mwihangane benewacu , tuguma tubasengera muzotahuke amahoro. Muzogume mwicungera kuko hari abanyarwanda bamwe bamwe batabishimiye kandi bakaba bashobora kuzobagirira nabi. Amakenga kuri abo mwibaza ko ari abavandimwe kuko ngo muvyo mwama mutangaza mushiramwo ububeshi bukabije nabo bakabikorerako bagaca bagwa mumutego wa leta ndundi kuko baba bakoresheje amakuru y’ibinyoma mutanga. N’uko rero bakaba bategekanya kuza barabica kugira bavyegeke kumbonerakure. Ariko mubandanye mwihangana kuko igihe gishize sico gisigaye kugira ubutegetsi buhinduke mugihugu cabavyaye hanyuma mwitahire amahoro.

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  3. Nakare Isi n’amajuru ntivyiremye ataruko hoho ntaco vyoba bimaze kuba twararemwe tukabona ivyinshi vyaremwe! Ngo  » Ivyaremwe vyose bifise amazina kandi nibidafise amazina nuko nkumbure bitaba biragaragara mumaso y’abantu ». Arico gituma IMANA ifise izina kandi igomba kuba ibaho. Erega nakare ivyo tutabona vyose ntibisigura ko bitabaho canke bitabayeho ihibambewe kirazira! IMANA iriho kuko yihaye izina nakare n’ubusa burabaho kandi buranafise n’izina!!! « Hahiriwe abemera batabonye kuko bazobona IMANA ». Uragowe mwana w’umuntu utabahiriza amategeko y’IMANA kuko ikigonwe cayo kingana n’ishavu ryayo. Mubitabo vyayo handitse ngo ntukicire abandi ubusa kuko kandi handitse ngo: Wicishije inkota nawe uzosogotwa n’inkota!

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  4. ISHURWE RY4UMUGFISHA RIVA KUGITI C4UMURUHO. harigihe muzoraba inyuma yanyu aho mwaciye mukaninahaza IMANA kandi harigihe abarundi beshi bazobashimira. ico nico bita kuba umumaratiri murintwari mugihe beshi babavuma abandi bakabahemukira guma KWIBANGA IMANA murikumwe kandi imanga ntimarira IMANA.
    hihirwa uwutanga ubuzima bwiwe kubwabandi. natwe TURABASABIRA.

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  5. Chers journalistes burundais en exil, certains d’entre nous ne vous remercierons jamais assez pour CE TRAVAIL NOBLE et POUR TOUT LE SACRIFICE QUE VOUS FAITES afin de garder les burundais ainsi que LEURS AMIS, car ils sont tout aussi nombreux, branchés sur ce qui se passe au Burundi! MERCI ENORMEMEMENT BUJUBURA NEWS pour votre EXCELLENT TRAVAIL DE COORDINATION, Toute notre GRATITUDE AUX RADIO INZAMBA ET HUMURA BURUNDI de garder MONSIEUR ET MADAME TOUT LE MONDE au Burundi à COEUR! NIBO MURIKO MURAHARANIRA mu gihe AMAKUNGU YABAKUYEKO AMABOKO! Yamara Humura, IMANA y’ U Burundi IRACARIHO! None rero, agasabosho kanje ni agakurikira: « Imana Rugiravyose igume ibubitseko ibiganza, izo mbonerakure zose ziriko zirabarondera ZIZOBABURE! Abazoshaka kuzifasha mu kibi nabo IMANA IZOBAMARAMAZE BAFATWE kandi BAHANWE VY’AKARORERO! In the Mighty Name of JESUS, I pray. Amen, amen!

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