La tempête autour de la MAPROBU

LE GENOCIDE DE 2015 DES TUTSIS DU DURUNDI ET L’UNION AFRICAINE

LA TEMPETE AUTOUR DE LA MAPROBU

https://i0.wp.com/scd.france24.com/fr/files_fr/imagecache/france24_ct_api_bigger_169/article/image/19122015-union-africaine-soldats-afp-m.jpgCe 31 janvier 2016, les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, en réunion au sommet à Addis-Abeba, ont entériné la décision de ne pas envoyer la force de protection des civils dans le conflit en cours au Burundi, sans l’autorisation préalable et formelle de Monsieur Nkurunziza. La décision avait été proposée la veille par les pays pourvoyeurs de troupes pour cette mission. Et pourtant, quelques mois auparavant, Madame ZUMA, la Secrétaire Générale de l’Union Africaine, avait annoncé l’envoi imminent d’un contingent de 5000 hommes avec pour mission de protéger la population civile qui n’est pas partie prenante au conflit.

Tous les observateurs et analystes pointaient du doigt le pouvoir de Bujumbura. Les faits étaient en effet saillants : Nkurunziza avait donné l’ordre aux éléments de la police fidèles au régime de tirer sur les manifestants pacifiques contre le hold-up du 3ème mandat commis par Nkurunziza et son parti ; les dirigeants du CNDD-FDD s’étaient relayés pour prononcer des discours incitant à l’extermination de l’ethnie Tutsi ; des exécutions sommaires, des enlèvements, des tortures, des empoisonnements forcés des ressortissants de la communauté Tutsi, des émasculations et des enterrements dans des fosses communes des jeunes Tutsis, pour la plupart entre 13 et 40 ans, des viols collectifs de fillettes, filles et femmes Tutsikazi, encadrés et commis par les miliciens génocidaires hutus du Burundi et du Rwanda et par les policiers de la garde personnelle de Nkurunziza… Tous ces crimes ont été méthodiquement mis en place et des centaines de milliers de Tutsis ont péri dans des conditions d’horreur et d’atrocité jamais égalées nulle part auparavant. La situation ne s’est guère améliorée depuis, les choses se sont même accélérées dans le sens du pire, et Nkurunziza et son régime sont les commanditaires et les seuls responsables du drame en cours. Il y a également consensus sur ce point.

Si alors depuis la première décision d’envoyer d’urgence des troupes pour la paix, la situation n’a fait que s’aggraver, pourquoi ce revirement spectaculaire aujourd’hui de l’aéropage de l’Union Africaine pour dire que la MAPROBU n’ira pas au Burundi ? D’aucuns avaient observé que l’urgence affirmée au départ avait cédé la place à l’hésitation, puis aux tergiversations, mais de là à penser que les leaders d’Etats africains allaient écarter sine die le projet, personne n’y était préparé.

La justification avancée de l’abandon de la MAPROBU a laissé pantois les Burundais et le monde. Les dirigeants africains ont expliqué que la force d’intervention ne sera pas dépêchée au Burundi parce que « Nkurunziza a refusé sa venue dans son pays » !  Autrement dit, si Nkurunziza ne veut pas de cette force, l’Union Africaine ne trouve plus de raison de l’envoyer. La conclusion à cela a été adroitement dégagée sur les réseaux sociaux par Maître Isidore RUFYIKIRI, Président du Mouvement Républicain pour la Renaissance de la Nation : La MAPROBU avait été donc votée, non pas pour protéger la population civile que Nkurunziza est en train de décimer, mais pour protéger ce dernier ! Contre qui alors ?  Nécessairement contre cette même population civile au cas où Pierre Nkurunziza n’en viendrait pas à bout sans cette appui précieux de ses pairs africains !  Maintenant que Monsieur Nkurunziza peut « travailler » sans l’aide de la MAPROBU, l’envoi de cette dernière n’a plus de raison d’être ! De toute manière, cette force est toujours disponible au cas où Nkurunziza en exprimerait le besoin, c’est ce qui a été dit !

C’est incroyable, on nage en plein dans le roman kafkaïen, ou dans cette sage absurdité qui nous vient tout droit de Mwaro : « Ivya Mwaro vyantangaje, aho hokwirutse uwivye, hiruka uwibwe » ! Pauvre Afrique ! Même BAN KIMOUN, qui avait tant encouragé l’initiative, n’a pas caché son amertume. Il a tapé du poing sur la table et réclamé aux Africains de revoir encore leur position.

Que reste-t-il alors aux Tutsi du Burundi face au génocide qui les décime à ce moment et face à la complicité flagrante dont l’Union Africaine vient de se rendre coupable ?  Les Tutsi doivent demeurer solidaires et courageux dans la résistance et la bravoure dont ils ont fait preuve tout au long de ces années de haine injustifiée et de malheur imposé par les Bahutu au pouvoir depuis plusieurs décennies. Quant à la MAPROBU, j’exhorte les Tutsi à ne plus envisager sa  venue, à écarter définitivement son intervention et à la combattre comme Nkurunziza lui-même si d’aventure elle mettait le pied sur le sol burundais, sous une forme ou sous une autre. Nous n’avons même plus besoin ni du balai encombrant des Présidents de cette Afrique bananière, ni des observateurs de l’Union Africaine, qui ne seraient là que pour percevoir des devises indus et pour prostituer les survivantes Tutsikazi affamées, moyennant quelques centimes de dollars de la honte. Nous devons refuser toute collaboration avec l’Union Africaine qui a perdu à nos yeux toute légitimité, pour avoir manqué gravement à sa mission élémentaire de porter secours à un peuple membre de l’Union en danger d’extermination.

Les Tutsi doivent se tourner une dernière fois vers l’ONU et vers les organisations et peuples amis. Si les « sages de l’Afrique » palabrant sous le grand baobab de l’Union Africaine à Addis-Abeba ont perdu toute africanité, nous pouvons encore espérer que l’ONU n’a pas de même perdu toute humanité.

Il paraît que BAN KI MOUN vient à Bujumbura en ce mois de février, avec pour mission de « convaincre » Nkurunziza d’accepter d’un côté l’intervention d’une force étrangère dans le pays, et de l’autre la négociation avec l’opposition en exil. Les Tutsi du Burundi ne doivent pas se leurrer sur la portée de ce voyage. Ils doivent savoir d’ores et déjà que dans  sa compréhension actuelle du moins, il ne présente pratiquement pas d’intérêt pour les victimes du génocide en cours.

D’abord il arrive trop tard, les morts sont excessivement nombreux, ils se comptent jour après jour, mois après mois, et le Secrétaire Général le sait très bien. Il y a quelques semaines, je recensais plus de 170 000 morts et encore plus de disparus dont le pouvoir génocidaire de Bujumbura cache l’enterrement dans des dizaines de fosses communes à Bujumbura et ses banlieues, à Karusi, Mubimbi, Bugarama, Maramvya,… Aujourd’hui le nombre de morts retrouvés a déjà dépassé les 200 000 individus, en quasi-totalité Tutsis. A ce propos, le Secrétaire Général  BAN KI MOUN vient de reconnaître sur la Voix de l’Amérique que le Burundi compte plus d’un million de victimes de cette guerre absurde.

Ce voyage est ensuite sans intérêts pour la population burundaise en détresse dans la mesure où la communauté internationale s’obstine à passer par le dialogue avec le sanguinaire de Bujumbura pour libérer ses otages de la tuerie et de l’encerclement, au lieu de le forcer à ouvrir les portes du sauvetage d’un peuple qu’il est en train d’assassiner. On ne demande jamais à l’assassin d’arrêter son crime, on le neutralise et on le juge !

Le scenario le plus probable est à ce niveau que Nkurunziza, qui aura atteint la plupart de ses objectifs dans l’extermination du peuple Tutsi au jour où BAN KI MOUN débarquera à Bujumbura, acceptera du bout des lèvres les deux exigences (venue de la force de protection et dialogue avec l’opposition), mais en posant en plus ses conditions. La communauté internationale, dont la défaillance est énorme dans ce dossier, va accepter ce faux compromis dans l’espoir de sauver la face et réduire sa responsabilité. Et Nkurunziza s’en sera ainsi tiré, plus puissant que jamais.

Enfin, le voyage au Burundi du Secrétaire Général de l’ONU pourrait s’avérer inutile si les évidences sur ce qui se passe dans ce pays continuent à être occultées. L’ONU tout comme l’Union Africaine et l’EAC refusent de qualifier les crimes qui se commettent au Burundi de génocide contre les Tutsi. Nous constatons certes une certaine évolution du côté des Nations Unies. BAN KI MOUN vient en effet de déclarer sur la Voix de l’Amérique que le Burundi a déjà enregistré plus d’un million de victimes de la guerre en cours, mais sans préciser que la tragédie se déroule sur fond de génocide et sans en désigner l’auteur. Il devrait pourtant franchir le pas puisque tous les analystes indépendants et bien avertis sont unanimes sur le sujet. Le Hutu Léonce NGENDAKUMANA, Président du FRODEBU et Président de la Coalition des partis d’opposition, le Hutu Charles NDITIJE, Président de l’UPRONA, Maître Isidore RUFYIKIRI, Président du Mouvement Républicain pour la Renaissance de la Nation, reconnaissent sans la moindre nuance que le génocide est en cours et qu’il est dirigé contre les Tutsi du Burundi. Il en est de même de la respectable Madame Beate KLARSFELD, ambassadrice d’honneur de l’UNESCO et envoyée spéciale pour l’éducation sur l’holocauste et la prévention du génocide, et de François DUPAQUIER, écrivain et journaliste, et de bien d’autres encore.

Pour conclure, nous n’attendons rien du prochain voyage des chefs d’Etat africains au Burundi, qui ne seront là que pour donner quitus à Monsieur Nkurunziza pour le génocide qu’il aura bien accompli contre les Tutsi de ce pays. Nous attendons de l’ONU et de BAN KI MOUN seulement deux choses : la reconnaissance d’une part que la barbarie en cours au Burundi est un génocide flagrant dont les auteurs et commanditaires sont Monsieur Nkurunziza et ses oligarques, et d’autre part l’envoi immédiat et sans condition d’une force armée en effectifs suffisants et bien équipée pour arrêter le génocide et protéger les survivants civils du conflit. Si rien n’est fait de tout ce qui précède, les Tutsi du Burundi devront compter sur leur propre force, redoubler d’effort pour défendre leur vie, leur patrie et leur dignité.

Jean Jacques MAKUNGU

3 réflexions sur “La tempête autour de la MAPROBU

  1. Monsieur Makungu, à lire ta rédaction, je vois que tu n’es et tu ne sera pas politicien et tu ne maîtrise pas comment faire sortir les burundais des griffes du Président Nkurunziza.
    1. Tu sais que 84% des Burundais sont Hutu, et dans ta politique tu évoque que ce sont des Tutsi seulement qui sont entrain d’être génocidés. Ce que tu ne veut pas que les Hutu t’aident à combattre le régime nkurunziza, c’est une maladresse politique. Il y a des Hutus que Nkurunziza exécute et a exécutes depuis la signature des accords d’Arusha.Tu n’ira nulle part si tu veut faire cavalier seul. Tu penses à la victoire Tutsi, c’est qui est un rêve. Un bon meneur de combat contre le régime Nkurnziza doit être un rassembleur, rassemblant Hutu, Tutsi, Twa et tout habitant du Burundi qui est entrain de massacrer, les organisant et les montrant le jeu.

    2. Si tu dis que Nkurunziza vient de tuer 200.000 Tutsi, Quand le Président Buyoya et son armée quasi Tutsi ont décapité le premier Président Hutu Son Excellence feu Melchior Ndadaye, ses compagnons et des milliers des Hutu,pendant 10 ans de guerre, les rapports ont donnés 300.000 morts et plus de 500.000 réfugiés. Comment veut tu que les natiosn te comprennent à lors que tu ne sais pas utiliser des données logiques et persuadantes?

    3. Monsieur Makungu, je suis un hutu, je suis déçu par le Hutu Nkurunziza, mais je sais que je ne peux pas réussir à le déposer en hutisant le problème.

    4. probablement que tu est un pro-Nkurunziza et que tu est entrains de lui aider à léver provoquer les Tutsi, en les incitant mensongèrement à se léver contre les Hutu, en oubliant qu’ils n’en sortiront pas. Tu est entrain de forger la voie à Nkurunziza pour avoir l’occasion d’exécuter le génocide.

    5. Tu est entrain d’utiliser la politique de Micombero en 1965 et 1972 et la politique de Buyoya en 1988.

    Je te prie de réagir contre ma contradiction.

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  2. Tu es menteur comme un arracheur de dents, monsieur Makungu!
    Tout le monde sait que la répression de Nkurunziza s’est concentrée sur les quartiers dits « protestataires » de la capitale: Nyakabiga, Mutakura, Cibitoke, etc. 200.000 victimes, ce n’est pas crédible! C’est presque la moitié des habitants de Bujumbura qui en compte environ 500.000 aujourd’hui!
    Un conseil monsieur Makungu, quand vous faites une analyse aussi pertinente que celle que vous venez de faire sur l’absurdité des décisions de l’UE, de l’Onu, il bien dommage de l’affubler des mensonges aussi grossiers sur le nombre de victimes du système CNDD-FDD.
    De qui tenez-vous ces informations? Qui les vérifiés et de quelle façon?
    Tout massacre délibéré, planifié et exécuté en âme et conscience est un crime contre l’humanité indépendamment du nombre de morts! Ne l’oubliez pas.

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